Ce mois-ci, rendez-vous chez Serge, à Grospierres. Si vous avez suivi le précédent portrait, nous étions dans le même village, avec Patrick Serre. À croire qu’il y a un cluster ici !
Serge est collectionneur de vélos, et plus précisément d’anciens vélos de course, qui ont tous une histoire à raconter. En parlant d’histoires, Sergio pourrait vous en raconter toute la journée et on vous met au défi d’essayer de le coller sur le podium des cents derniers Tours de France… L’encyclopédie du vélo, c’est lui !
Peux-tu te présenter et nous expliquer pourquoi et comment tu es arrivé au vélo ?
Je m’appelle Serge et j’ai 68 ans. Beaucoup m’appellent Sergio du fait de la grande quantité de vélos italiens que je collectionne.
Pour moi le vélo a été une histoire de famille : mon père, et avant lui mon grand-père, étaient deux férus de vélos et surtout de courses cyclistes. Mon grand-père tenait une petite boutique de cycles dans le centre de Lyon en son temps, alors autant dire qu’il m’a transmis cette fibre. Je me rappelle encore le mécanicien hors pair qu’il était et il est vrai qu’aujourd’hui je regrette un peu de ne pas avoir plus appris à ses côtés.
Comment pratiques-tu le vélo à l’heure actuelle ?
Je pourrais résumer ça à : Papi fait de la résistance sur un train de sénateur… Pour moi le vélo rime avec Camembert ou tête de veau ! Bien sûr que j’en fais toujours mais sans aucune prétention, je prends du plaisir à aller respirer le bon air ardéchois sur un de mes vélos.
Mes défis sportifs personnels sont d’aller rouler les cols qui ont fait l’histoire du cyclisme. Non loin d’ici je dois bien entendu évoquer le Mont Ventoux qu’il me plait toujours autant de gravir. Cette année j’espère aller grimper le Galibier et pourquoi pas la Bonnette. Toutes ces routes ont fait la magie du cyclisme et c’est vraiment ça qui me passionne.
En parlant de passion, peux-tu nous parler un peu de ta collection et nous dire pourquoi les vieux vélos te plaisent tant ?
J’aime l’histoire de ce sport. Pour moi ça fait partie du patrimoine national. Tu peux aller n’importe où dans le monde, les gens te parleront du Tour de France. Le cyclisme s’est construit sur le vieux continent et encore plus en France.
Collectionner ces anciens vélos me remémore des histoires fabuleuses, des histoires qui ne peuvent se réaliser que dans le vélo : ces forçats de la route où le perdant est encore plus beau que le vainqueur, ou encore ces courses perdues ou gagnées pour quelques secondes alors qu’elles durent trois semaines !
Et alors, justement, ton anecdote ou ton histoire favorite ?
C’est bien difficile ça comme question, il y en a trop… Ce que je retiens de manière générale, ce sont les rencontres que j’ai pu faire et que je fais toujours. J’ai rencontré des gens fabuleux et humbles.
Si je devais ne citer qu’une histoire que j’adore, ce serait le Tour de France 1964, où Anquetil subit une grosse défaillance après deux semaines de course (à la suite d’un méchoui bien arrosé qu’il avait fait la veille au soir). Cette journée-là, Louis Rostollan (un de ses équipiers) l’a poussé avec son coude dans une montée de col en lui assenant tous les noms d’oiseaux et cela a porté ses fruits car Anquetil a bien gagné ce tour, pour 55 secondes, alors qu’il était prêt à abandonner !
Des histoires de sport comme celle-là, à 10 ou 11 ans, ça te marque… alors, le jour où tu rencontres Louis Rostollan et que tu t’aperçois que c’est un Monsieur très abordable et aimable, ça renforce ta passion pour la petite reine et ses acteurs.
Et d’ailleurs ma collection ne s’arrête pas à ces quelques 70 vélos mais compte aussi tout un tas d’accessoires, de journaux, de photos, de lettres d’échange avec des coureurs… Bref, on va pas en faire le tour complet aujourd’hui sinon on n’est pas couché !
Concernant ta collection, s’il ne te fallait garder qu’un seul vélo ?
Ce n’est pas une question ça ! Ça me fendrait le cœur… Mais bon, disons le CBT Italia équipé du groupe Campagnolo nuovo record sortit pour le cinquantenaire de la marque.
Le mot de la fin ?
Parle pas de la fin, rien ne presse…
J’encouragerais tout le monde à faire du vélo, c’est un mode d’évasion tellement fabuleux et on y fait des rencontres extraordinaires.