Ma boutique de vélo préférée me fait l’amitié de me proposer la première, d’une série de portraits de cyclistes.
Il eut été surement plus judicieux de faire appel à un jeune et fringant coureur… ce n’est pas mon cas : je m’appelle Patrick, j’ai 2 fois 33 ans, j’étais paysan et fier de l’être.
Après quelques essais peu concluants dans ma prime jeunesse, étant rentré fracassé de quelques sorties un peu trop ambitieuses et surtout totalement improvisées, la seule vue d’un vélo me donnait des crampes.
Je m’y suis donc mis sur le tard, un peu avant la retraite, je suis quelque part un jeune cyclo…
Je me suis acheté un vieux « clou » d’occasion pour faire un essai et j’ai démarré SEUL. J’ai aimé et après un an j’ai acheté mon premier « Lapierre » et rejoint le club de Ruoms : un sans-faute ! Le RCO a la réputation d’être une association de « furieux », c’est surtout une bande de potes et j’aime rouler avec eux. Pour essayer de les suivre, je me suis beaucoup entraîné. J’ai toujours aimé la compétition et, à presque 60 ans, j’ai fait ma première cyclosportive. C’était la Fangille à Bessèges : j’ai fini à l’agonie et j’ai compris qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation !!!
J’ai remis ça à maintes reprises avec toujours le même plaisir d’accrocher un dossard à mon maillot. Et, avec aussi, un œil plus attentif pour les coureurs aux cheveux gris.
J’y ai fait de belles rencontres et appris que, ce ne sont pas les meilleurs qui font le plus de bruit.
En panne de projets
Entre temps, à l’automne 2013, alors que j’étais en panne de projets, je décide de partir sur le chemin de Compostelle que je rallie en 2 mois ou presque. J’ai adoré, encore une fois les rencontres mais, peut-être surtout, cette vie d’itinérance. Le plaisir chaque matin d’enfiler ses chaussures pour partir vers un endroit inconnu.
Mais pourquoi ne pas faire la même chose à vélo ? J’en parle à mon camarade Didier et en septembre 2015 nous voilà partis pour un tour de France de 4000 km. On a fait le choix de tirer une carriole. Ça passe ou ça casse !
La tente, on ne s’en servira pas : pour dormir on fait le tour des copains, Airbnb et aussi Warmshowers. Une communauté de cyclos qui propose, via un site internet, le gîte, le couvert et surtout la chaleur humaine qui te permet d’avancer. Bref, c’était bien et on se promet de recommencer… sans tarder.
Et c’est reparti dès l’automne suivant
Espagne, Portugal, Maroc, Sardaigne, Corse et retour début décembre. J’ai investi dans un vélo de rando allemand, un Fahrrad Manufaktur (Bertha) et des sacoches, PTC : 45 kg. C’est lourd mais ce n’est pas grave, c’est une autre approche : ce qui compte ce sont les heures de selle et quand on aime…
Belle gamelle au printemps 2017 sur « l’Héraultaise » et 2 mois d’hosto. Mon envie de rouler est intacte et je pars en septembre sur l’Eurovelo6, le projet : relier Bâle à la mer noire. Je fais demi-tour à Budapest en état de semi dépression : le Danube n’est pas vraiment bleu et sa plaine est MORNE.
L’hiver se passe et, fin mai, direction le grand nord : Irlande, Écosse, Norvège jusqu’à Nordkapp, en solo. Je reviens chez moi fin juillet, en avion, mais sans ma Bertha qui s’est perdue en route. Prendre l’aéroplane avec une bicyclette c’est pas simple, elle reviendra une semaine plus tard, c’est une bonne fille.
Du vélo toujours du vélo
Seul ou avec Labeaume le mercredi, Ruoms le samedi et un nouveau projet : l’Amérique du Sud, Quito/Ushuaïa, environ 10000km. Didier me rejoint et nous partons ensemble le 3 septembre. On est tout de suite dans le vif du sujet, les pentes de l’Équateur sont terribles. Malheureusement au bout de 3 semaines mon camarade va se blesser et je continue seul jusqu’à Cusco. Le Pérou est pauvre mais surtout MAGIQUE : pistes défoncées, cols hors normes, paysages grandioses, population colorée et enthousiaste. La Bolivie s’est fermée pour cause de révolution et les Bilau sont arrivés. Le Chili et la mythique « carretera austral », le Fitz Roy montagne bénie des dieux, le parc Torres del Paine et enfin la Terre de Feu. J’ai fait court mais je pourrais en parler pendant des heures tant ce voyage m’a bouleversé : animaux sauvages (guanacos…), glaciers, éléments déchaînés, vastes espaces inhabités qui ont contribué à faire de ce voyage une petite aventure.
J’y repense souvent et j’ai une seule envie : Y RETOURNER !!! D’ailleurs, il en est question et, si possible, dès ce printemps. Mais en partant depuis l’Alaska cette fois. J’ai commencé un blog et, si vous voulez, vous pourrez me suivre :
Un conseil avant de finir
N’allez pas chez Amc7, vous risquez d’y attraper le virus… du vélo. C’est mon cas. Pour le vaccin c’est trop tard, et c’est tant mieux.