Ce mois-ci, nous ne sommes pas aller chercher notre personnage très loin ! Le thème étant la compétition, nous avons directement pioché un membre de l’équipe AMC 7.
Jérôme a (presque) tout connu dans le milieu de la compétition cycliste. Compétiteur en BMX, cyclocross, route et VTT, il s’est vite illustré au plus haut niveau : champion de France de cyclocross (1995) puis champion du monde de VTT (1996) avant de déclarer en 2000 avoir eu recours au dopage… À ce moment-là, non seulement il passe aux aveux mais il dénonce aussi un système gangréné par l’EPO et autres substances. Et il fait des émules…
En 2001 il redevient champion de France de VTT… à l’eau claire !
Allez rencontre, attention ça balance…
Jérôme, même s’il suffit de taper ton nom dans Google pour tout connaître de toi, peux-tu te présenter et nous dire comment tu es arrivé au vélo ?
Je suis né le 18/01/1972 à Millau. Je mesure 1m75 pour 64 kgs (60 lorsque je suis en forme). Je suis l’heureux papa de Lou, 21 ans et Mayane, 18 ans. Je vis depuis peu à la limite du Gard et de l’Ardèche avec Marielle, propriétaire du Moulin de Courlas, gîte et chambres d’hôtes à Saint Jean de Maruejols.
Je suis venu au vélo après avoir commandé un BMX au papa Noël lorsque j’avais 8 ans. C’était dans les années 1980, un sport en verve et nous étions une bonne bande de copains à pratiquer.
Quel a été ton parcours professionnel ?
J’ai obtenu mon 1er emploi officiel en 1993 comme éducateur sportif à la mairie de Saint Herblain, près de Nantes (44). Je dis « officiel » car cela faisait déjà 3 ans que je gagnais ma vie grâce au vélo lors de compétitions en amateur. En cyclo-cross surtout.
Je suis ensuite passé pro de façon officielle un an plus tard, dans une très modeste équipe qui s’appelait Catavana Corbeil Essonne. Avec les frères Madiot et Sean Kelly, notamment. Je suis resté chez les professionnels 10 ans durant lesquels j’ai pratiqué les disciplines route, VTT et cyclo-cross. J’ai été respectivement chez Catavana, donc, puis au Groupement et enfin chez Festina concernant la route ; chez Peugeot, GT bicycles, Giant et enfin Lapierre en VTT.
J’ai raccroché en 2003 à 31 ans, usé physiquement et mentalement par un milieu pas toujours aussi idyllique qu’on ne le pense…
Puis j’ai ouvert un restaurant avec des gîtes et chambres d’hôtes dans le Gard, que j’ai gardé 8 ans avant de le revendre, prendre du bon temps deux années durant et me remettre au sport que j’avais totalement arrêté. Depuis 2013, j’ai alors exercé les métiers de moniteur cycliste, chauffeur/livreur, préparateur de commande et enfin mécanicien cycles chez AMC 7 !
Quel est ta pratique du vélo aujourd’hui ?
Pour le moment, elle me permet de me rendre tous les jours à mon travail. Soit 19 kms le matin et autant le soir. Un peu de vtt de temps à autre, mais le goût du risque disparaît hélas avec l’âge… Et il est parfois difficile d’accepter de vieillir d’une part, de régresser d’autre part.
Mais ainsi va la vie. 🙂
Quel regard portes-tu sur le milieu professionnel (route / VTT) aujourd’hui ?
De par mon parcours, le regard est forcément biaisé parce que je connais mieux que quiconque le fonctionnement de ces disciplines. Auxquelles je rajouterais le cyclo-cross, très populaire en Belgique et Hollande par exemple. Alors je me contente de regarder les grandes épreuves comme un spectacle et non comme un sport. Et de commenter via les réseaux sociaux de manière humoristique ou sarcastique les choses qui me déplaisent… Et il y en a encore quelques unes. Mais moins qu’avant heureusement !
Tu as bientôt 50 ans, ce qui fait que tu es encore suffisamment jeune (hum !) pour te fixer quelques beaux objectifs… Tu nous parles du prochain ?
Le prochain sera d’accrocher une qualification aux championnats du monde d’Hawaï (label IRONMAN – il existe différentes fédérations en tri mais la plus médiatique est l’IRONMAN). Pour l’anecdote, je suis le dernier vainqueur du Tour VTT d’Hawaii qui se déroulait sur 3 jours ;). Et de tenter de ramener une médaille dans ma catégorie d’âge. Le dernier champion du monde en catégorie 50/54 ans étant Anthony PHILIPPE, il a devancé un un certain Laurent JALABERT !
La tâche sera rude dans la mesure où je n’ai encore participé à aucune épreuve dans la discipline… Embrun devait être la première l’an dernier et je l’avais préparée hyper sérieusement. Malheureusement, la préfète des Hautes Alpes a décidé d’annuler la manifestation 10 jours avant. Une sacré déconvenue dont je ne suis pas totalement remis tant les efforts demandés sont colossaux.
Pour le mot de la fin, quel conseil donnerais-tu aux jeunes dans les écoles de vélo ?
Un conseil et un seul, celui de prendre du plaisir. Que vous soyez simple pratiquant ou pur compétiteur. Sans plaisir, la passion ne dure pas. Je rajouterais « de ne jamais se prendre au sérieux et savoir rester humble ». Le cyclisme est un sport très difficile et, à quelques exceptions près, il est impossible de dominer tout le temps. Enfin, une carrière sportive démarre à 18 ans, tout ce qui a pu être réalisé avant cet âge-là ne compte pas, ou si peu… Inutile donc de s’enflammer trop tôt 😉
Enfin, sachez que vous pouvez en découvrir bien plus sur Jérôme, et surtout sur le système qu’il a eu le courage de dénoncer, dans son livre « De mon plein gré ». Nous ne l’avons pas encore en magasin, mais on va essayer…
Et si vous voulez quelques petits détails croustillants, n’hésitez pas à passer au magasin vous faire payer un café !